La bière et les spiritueux n’ont pas coulé à flots le 19 mai, journée d’ouverture officielle du site pour la saison 2023. Les administrateurs qui ont fait la promotion de leurs boissons sans alcool sur les réseaux sociaux ces derniers jours ont tenu à rappeler aux campeurs que la vente d’alcool est interdite sur le site du camping. Toutefois, les vacanciers peuvent consommer de l’alcool sur leur propre lot, comme mentionné dans la liste des règlements du camping.
Pour les gestionnaires, la révocation du permis vient compliquer l’application du règlement sur le site. « Il faut comprendre qu’avec le permis d’alcool, nous avions un certain contrôle sur les consommations dans la mesure où nous pouvions, par exemple, nous assurer que les gens ne puissent pas entrer dans la piscine avec leurs propres boissons. Le retrait du permis nous complique la tâche à cet égard puisqu’il faut faire plus », soutient Ariane Perrier, première actionnaire et gestionnaire du Camping Havana Resort.
Rappelons que cette nouvelle marche à suivre découle suite à la décision du Tribunal de la RACJ qui a révoqué le permis de bar affilié à l’établissement, le 13 mars. Dans leur verdict de près de 20 pages, les régisseuses au dossier, Mes Louise Vien et Marie-Jeanne Duval, appuient leur décision sur le fait que l’établissement a été « exploité de manière à nuire à la tranquillité publique » et que les titulaires n’ont pas pris les mesures nécessaires et efficaces afin d’empêcher les manquements qui s’y sont produits ».
Plus d’une cinquantaine d’interventions policières, entre juin 2017 et octobre 2020, ont été recensées pour des manquements liés au bruit, à des actes de violence ou à des clients en état d’ébriété. Des non- conformités sur la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) émises par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) n’ont pas aussi aidé la cause des propriétaires du camping. De plus, la confusion entourant les têtes dirigeantes du camping n’a pas convaincu les régisseuses au dossier à reconduire le permis d’alcool.
Mentionnons que les principales actionnaires et gestionnaires de l’entreprise sont Ariane et Laurence Perrier. Pourtant, le père des deux filles, Dominic Perrier, semble grandement impliqué dans l’organisation alors qu’il ne figure pas dans la liste des administrateurs conformément au Registraire des entreprises.
Comme il en fut mention lors d’un point de presse tenu par la famille Perrier à la suite d’allégations de traite humaine rapportées dans un reportage de Radio-Canada en décembre dernier, les gestionnaires ont décidé de porter la décision du Tribunal de la RACJ en appel. Ce recours introductif a été déposé le 12 avril au Tribunal administratif du Québec. Au moment d’écrire ces lignes, aucune décision n’avait encore été rendue par le Tribunal.
Un début de saison ardu
Contrairement aux précédentes années, les quelque 300 terrains de camping ne sont pas aussi convoités par les visiteurs. La direction remarque une baisse des réservations pour le début de la saison estivale.
« Nous ne pouvons nous empêcher de faire le lien avec l’article de Radio-Canada et dans lequel le Camping Havana Resort a été accusé injustement de s’adonner à de la traite humaine. Nous espérons toutefois que le reste de la saison se passera bien parce que les réservations sont relativement à la hausse actuellement », conclut Mme Perrier.