« Depuis 2017, l’IRIS calcule annuellement le revenu viable dans sept grands centres urbains du Québec. Les secteurs moins densément peuplés affrontent pourtant des défis spécifiques qui ont un impact sur le revenu minimal pour une vie digne et sans pauvreté », indique Guillaume Tremblay-Boily, chercheur à l’IRIS et auteur de l’étude. Pour cette étude-ci, l’Institut s’est penché sur 33 localités situées en Montérégie, sur la Côte-Nord et dans la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
En Montérégie-Est, l’IRIS a recueilli des données sur Saint-Hyacinthe, Saint- Jean-sur-Richelieu, Verchères, Sorel-Tracy, Marieville, Acton Vale et Saint-Jean-Baptiste. Comme nous pouvons le constater en analysant le tableau ci-contre, il en coûte moins cher d’habiter dans un plus grand centre que dans une municipalité plus rurale, la plupart du temps. C’est à Saint-Jean-sur-Richelieu, avec son réseau de transport en commun plus efficace et plusieurs liaisons vers Montréal, qu’il en coûte le moins cher d’habiter seul parmi les endroits étudiés en Montérégie-Est. Le manque côté transport en commun peut d’ailleurs expliquer pourquoi une personne seule paiera plus de 8000 $ supplémentaires pour résider à Saint-Hyacinthe. L’étude mentionne d’ailleurs qu’« en Montérégie, les villes qui se dotent d’un système de transport collectif structurant permettent à plus de citoyens d’atteindre le revenu viable ».
Acton Vale : si cher?
Le rapport de l’IRIS présente Acton Vale comme « une ville de 7876 habitants, dont la population a légèrement diminué (-0,7 %) de 2016 à 2021, alors que la population québécoise augmentait de 4,1 % durant la même période. Le revenu médian après impôt des particuliers y est de 32 400 $. Le taux de bénéficiaires de l’assurance-emploi (14 %) y est plus élevé que la moyenne montérégienne (11,5 %). En 2021, seulement 9,9 % des ménages de la ville consacraient plus de 30 % de leur revenu à se loger, alors que la moyenne québécoise est de 16,1 % ».
Qu’il s’agisse d’une personne seule, d’une famille monoparentale avec un enfant ou d’une famille de quatre personnes, Acton Vale représente le 2e panier d’épicerie le plus cher après Saint-Jean-Baptiste. Pour une famille de quatre personnes, 18 317 $ devront être missur l’alimentation annuellement contre, par exemple, 15 426 $ à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Par contre, Acton Vale représente la municipalité étudiée de la Montérégie-Est où il en coûte le moins pour se loger, soit 9423 $ pour une famille comprenant deux adultes et deux enfants, contre 15 619 $ à Verchères.
« Dans la plupart des cas, les coûts élevés associés au transport en zones rurales et éloignées sont partiellement compensés par des frais de logement moins élevés. » En effet, il en coûte 9446 $ en transport pour une personne seule à Acton Vale, contre 2142 $ à Saint-Jean-sur-Richelieu qui contraste énormément avec les autres municipalités de Montérégie-Est. Pourtant, Acton Vale n’est pas la municipalité où il en coûte le plus cher pour se transporter. Elle se situe environ en milieu de peloton en Montérégie-Est où, exception faite de Saint-Jean-sur-Richelieu, plus de 9000 $ du revenu d’une personne seule ira pour le transport.
Le désavantage du célibat
« C’est à Saint-Hyacinthe, Saint-Jean-Baptiste et Acton Vale que l’écart entre le revenu médian des personnes seules et le revenu viable est le plus grand », en Montérégie-Est.
Cette étude nous apprend que « le revenu viable pour une personne seule à Acton Vale est de 36 183 $, alors que le revenu médian après impôt des ménages d’une seule personne y est de 30 200 $. Cela signifie donc que plus de la moitié des personnes seules n’atteignent pas le revenu viable. Les ménages composés d’une seule personne représentent 37,4 % des ménages » valois.
Dans 25 des 33 localités étudiées, plus de la moitié des personnes qui habitent seules n’atteignent pas le revenu viable. Dans 75 % des localités étudiées par l’IRIS, plus de la moitié des personnes seules vivent dans la pauvreté. Nous pouvons remarquer que les coûts de transport sont beaucoup plus fluctuants pour les personnes seules d’une municipalité à une autre, signe que les couples avec enfants et même les familles monoparentales sont plus souvent dotés d’un automobile.
Finalement, dans le cas des familles monoparentales et des familles de quatre, à Acton Vale, le revenu médian après impôt est supérieur au revenu viable, ce qui, en soi, constitue une excellente nouvelle.