« Cette proposition n’avait alors pas été retenue. Depuis ce temps, de nouvelles informations ont été transmises au Ministère, ce qui nécessite la réalisation d’une nouvelle évaluation patrimoniale », a répondu l’équipe des communications du Ministère.

« Ça nous agace, surtout quand tout est gardé confidentiel, affirme le maire de Saint-Valérien-de-Milton, Daniel Paquette. Nous, on joue à livre ouvert. On ne cache rien. Depuis 2014, ce pont-là dort en rouillant. Personne ne fait rien. Du moment que la Municipalité a voulu informer le ministère du Transport (MTQ) de sa volonté de construire un nouveau pont, tout à coup, tout le monde monte aux barricades. Pourquoi les gens qui tiennent tant au patrimoine ne se sont-ils pas levés en 2014 pour sauver le pont? Ils ont attendu 10 ans et l’ont laissé se détériorer. J’ai de la misère avec ça. J’essaie de comprendre la logique derrière ça. »

Malgré tout, il assure que la Municipalité collaborera avec le Ministère dans son processus en espérant obtenir une rencontre avec l’instance gouvernementale pour comprendre son point de vue et vulgariser l’avis du conseil municipal. En 2021, la tentative de classer patrimonial le pont Paré avait mené à un refus du ministère de la Culture. Bien qu’il reconnaissait l’intérêt patrimonial de l’infrastructure, le Ministère estimait que la volonté du MTQ de le préserver était rassurante.

Autant le Ministère que toute personne intéressée peuvent proposer un statut patrimonial à une infrastructure ou à un bâtiment. Le Ministère procédera à une évaluation de l’intérêt patrimonial et transmettra un avis d’intention. Par la suite, le Conseil du patrimoine culturel du Québec se prononcera sur la question.

Le pont est fermé depuis 10 ans à la circulation. Le MTQ prône une restauration du pont afin d’en préserver son caractère patrimonial. Le pont Paré en est un de type « Baltimore ». Il a été construit en 1920 en même temps que le pont du rang de l’Égypte par l’entreprise MacKinnon Steel Company Limited. Cette solution ne permettrait toutefois pas d’augmenter la capacité portante de l’infrastructure qui enjambe la rivière Noire sur le 10e Rang. La Municipalité demande plutôt une reconstruction afin d’offrir une infrastructure aux normes d’aujourd’hui.

« On n’est pas contre la culture, mais c’est une infrastructure routière. Ça ne concerne pas le patrimoine, mais la vie des gens. Le pont a été construit en 1920. Il était très moderne à l’époque pour les charrettes. On est rendu en 2023. Pourquoi on s’obstine à vouloir garder un pont fait pour des charrettes? C’est une question de sécurité et d’accès pour les agriculteurs », soutient le maire.

Le MTQ se prépare

Agacé, M. Paquette a l’impression d’être le dernier averti dans ce dossier. D’autant plus que des citoyens ont été approchés par le MTQ pour acquérir des parcelles de terrain dans le cadre des travaux. « On n’a jamais été mis au courant. Même si on est un gouvernement de proximité, on n’est pas écouté. C’est un problème qui, logiquement, est facile à régler si on regarde l’état du pont et la pétition signée par des citoyens et des usagers de la route. On dirait que ce n’est pas important [pour les ministères]. »

La porte-parole du MTQ, Marie-Michelle Pilon, a confirmé que Le ministère des Transportse Ministère devra acquérir des parcelles de terrain où se trouvent entre autres des servitudes temporaires. Pour ce faire, les résidents n’auront pas besoin de déménager. Ces parcelles seraient utilisées pour des installations septiques dans la zone de travaux, explique-t-elle. Les acquisitions pourraient se faire de gré à gré, mais le MTQ pourrait se rendre à une expropriation si aucune entente n’est possible.

« Le Ministère s’est déjà entretenu avec les six propriétaires visés, pour cinq acquisitions, et les négociations en cours se passent bien. À ce jour, un projet de réfection du pont Paré est toujours en planification, mais il est trop tôt pour se prononcer sur un échéancier précis. Il est actuellement à l’étape de l’élaboration des plans et devis », ajoute Mme Pilon.

Des représentants de la Municipalité ont rencontré le député de Johnson, André Lamontagne, il y a quelques semaines. À son bureau de circonscription, on nous confirme que plusieurs processus, demandes et analyses sont en cours, sans préciser lesquels. « M. Lamontagne est bien au fait de la situation et il veut que la Municipalité soit entendue. »