LETTRE OUVERTE
Il est généralement de bon ton d’affirmer l’importance d’offrir des conditions de vie de qualité à ceux et celles qui nous précédèrent, qui construisirent notre Québec et qui méritent maintenant un peu de réconfort. Il faut cependant passer de la parole aux actes. C’est pourquoi le Bloc québécois a déposé à la Chambre des communes le projet de loi C-319, qui sera voté au Parlement le 18 octobre. Dressons tout d’abord un portrait du problème, à savoir que la pandémie a accéléré la chute du pouvoir d’achat des aînés.
Des aînés toujours plus nombreux, qui en arrachent de plus en plus
La population vieillit. Il y a désormais plus de personnes de 65 ans et plus que d’enfants de moins de 15 ans, et on prévoit que 25 % de la population sera âgée de 65 ans et plus en 2030.
Selon les plus récentes statistiques, 52 % des pensionnés de la Sécurité de vieillesse de 65 à 74 ans et 60 % de ceux de 75 ans et plus ont un revenu inférieur à 30 000 $. L’écart entre le revenu médian des personnes âgées de 65 ans et le reste de la population a quant à lui quadruplé en 20 ans. Le revenu des aînés n’a donc pas suivi la croissance des revenus de travail au fil des années.
Ajoutons à ce portrait sombre le contexte de l’inflation, et nous avons là tous les éléments d’une œuvre tragique : entre septembre 2021 et septembre 2022, une hausse de 10 % des prix des aliments a été enregistrée. Les prix des aliments ont augmenté plus rapidement que l’indice général des prix à la consommation, qui lui-même s’est accru de 7 % sur un an.
Une approche partisane et un manque flagrant de vision
Ottawa a malheureusement toujours répondu exclusivement par des mesures ponctuelles. Lors de son budget de 2021, le gouvernement libéral de Justin Trudeau a octroyé une augmentation des prestations de la Sécurité de vieillesse, mais uniquement aux aînés ayant 75 ans et plus, omettant ainsi la grande majorité des aînés, qui ont entre 65 et 74 ans. Il aura par ailleurs fallu deux ans pour que les libéraux donnent enfin suite à cette promesse, qui remontait à 2019.
Puis, en août 2021, un chèque unique de 300 $ a été envoyé aux aînés, encore une fois uniquement à ceux de 75 ans et plus… à la veille des élections de septembre. À moins d’une providentielle coïncidence, la manœuvre était tout aussi grossière que scélérate.
Le projet de loi C-319 du Bloc québécois
Pour pallier un niveau croissant d’endettement, un nombre grandissant d’aînés retourne sur le marché du travail. Il nous faut améliorer les incitatifs au retour à l’emploi à ceux et celles qui souhaitent emprunter cette voie, a fortiori en contexte de pénurie de main-d’œuvre. Le projet de loi C-319 du Bloc permettrait aux aînés qui voudraient travailler un peu de le faire sans être pénalisés, en faisant passer de 5000 $ à 6500 $ l’exemption à l’égard du revenu d’une personne tiré d’un emploi ou d’un travail contractuel pris en compte dans le calcul du montant du supplément de revenu garanti.
Il incombe cependant d’offrir également la meilleure sécurité financière possible à nos aînés qui font plutôt le choix d’un repos bien mérité. C’est pourquoi C-319 modifierait la Loi sur la sécurité de la vieillesse afin d’augmenter de 10 pour cent le montant de la pleine pension à laquelle ont droit tous les pensionnés de 65 ans et plus.
Ces deux fronts devraient pouvoir offrir un peu d’oxygène à ces bâtisseurs et bâtisseuses. Mais encore faut-il que le projet d e loi C-319 soit adopté. Si nous savons d’emblée que le gouvernement libéral compte s’y opposer, le statut minoritaire des libéraux permet aux partis d’opposition d’avoir une majorité lors d’un vote au Parlement. Il sera dès lors fondamental que les conservateurs et le NPD nous suivent dans cette croisade. Nous connaîtrons la réponse très prochainement!
Simon-Pierre Savard-Tremblay
Député de Saint-Hyacinthe–Bagot
Bloc québécois