21 avril 2021 - 13:57
Letrre d'opinion
Mégaporcherie de Maricourt et autonomie alimentaire : qu’en pense le ministre de l’Agriculture ?
Par: Administration

(Note: cette lettre est en réponse au projet de porcherie à Maricourt, qui fait l’objet d’un reportage dans notre édition de cette semaine)

 

La crise sanitaire de l’année a permis de mettre en lumière plusieurs angles morts du fonctionnement de la société québécoise. Parmi eux, notre dépendance aux marchés extérieurs pour nous nourrir a provoqué un engouement pour l’autonomie alimentaire comme l’illustre notamment le contrat social publié par l’Union des producteurs agricoles (UPA) et l’Institut du Nouveau Monde (INM).

 

 

 

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Telle que défini dans le contrat social publié à l’occasion du Congrès de l’UPA, l’autonomie alimentaire peut se définir comme : « Notre capacité de subvenir aux besoins alimentaires de tous les Québécois et Québécoises, de maintenir la diversité de l’offre et de permettre un accès facile aux produits de chez nous ». On retrouve également dans ce document des préoccupations quant à l’occupation du territoire, à la protection de l’environnement et à la prise en considération de la participation citoyenne.

À la faveur de la nécessaire relance économique, et dans un élan conjoint avec l’UPA, le ministre André Lamontagne a, quant à lui, multiplié les annonces notamment avec la Stratégie nationale pour l’achat d’aliments québécois.

Pendant ce temps, dans la petite municipalité du Canton de Valcourt située dans la MRC du Val-Saint-François, une autre histoire se déroulait. Comme c’est malheureusement le cas depuis plus d’une décennie au Québec, un groupe de citoyennes et de citoyens tentait de s’opposer à l’installation d’une mégaporcherie. Après une première victoire ayant permis d’obtenir une consultation publique en bonne et due forme, la population a été invitée à participer à une rencontre d’information et d’échanges.

Parmi les arguments avancés contre ce projet de quatre milliers de porcs, et outre les préoccupations environnementales importantes figurait l’absence d’apport d’un tel développement pour la consommation et le développement local. D’une part, déjà 70 % de la production porcine (d’un total de 7 millions de porcs) est exportée et, d’autre part, l’exploitation allait augmenter l’épandage de lisier liquide et multiplier l’utilisation des terres pour nourrir ces porcs plutôt qu’à produire des aliments pour chez nous.

D’un côté, l’UPA et le ministre répandaient la bonne nouvelle à travers la province, alors que dans la petite MRC, la farce de la consultation publique continuait à se jouer. Au cours des échanges, plusieurs élus n’ont eu de cesse de répéter que la consultation ne touchait que les mesures d’atténuation (les odeurs), qu’il fallait s’adresser à d’autres responsables pour les enjeux de fonds et que de toute façon il n’y avait pas de fonds publics investis… Le 30 novembre 2020, Le Devoir nous apprenait pourtant qu’au cours des 10 dernières années l’industrie porcine avait reçu 1 milliard de subventions et que, dans sa politique bioalimentaire, le gouvernement souhaitait accroître ses exportations (le secteur porcin représente 20 %) de 6 milliards de dollars.

Quelques mois plus tard, à 4 km de là, une nouvelle mégaporcherie pourrait voir le jour à Maricourt. Une nouvelle fois la demande est faite juste en dessous de la limite de 4000 porcs pour éviterdes audiences du BAPE. Nous nous adressons aujourd’hui au ministre de l’Agriculture, M. Lamontagne, afin qu’il intervienne dans ce dossier. Les mesures incitatives proposées dans le plan d’agriculture durable constituent un pas dans la bonne direction notamment parce qu’il s’agit là d’une reconnaissancedes problèmes posés par l’industrie des mégaporcheries en particulier quant à l’usage des pesticides et la qualité de l’eau. Mais comment se fait-il que les municipalités ne puissent répondre pleinement aux attentes de leur population? Pourquoi tant de contradictions?

Le contrat social mentionné plus haut nous invite à penser « Du local au global », il faudrait peut-être plutôt « Penser global et agir local ». Il est temps de prendre conscience que les exportations des uns ne sont pas sans effets sur l’autonomie alimentaire des autres.

Pierre Avignon, Melbourne
Raymonde Carbonneau, Canton de Valcourt
Mary Desroches, Saint-Anne de la Rochelle
Élyse Audet, Maricourt
Bernard Brien, Valcourt
Colette Fontaine, Valcourt
Jocelyne Ravenelle, Maricourt
Mario Carrier, Maricourt

 

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