6 septembre 2023 - 07:00
Lorsque l’intimidation s’invite au primaire
Par: Sarah Villemaire

Après une année scolaire périlleuse, la petite Sophie* sourit à nouveau. Victime d’intimidation pendant près d’un an de la part d’un camarade de classe, elle espère ne plus subir le même sort lors de son entrée au secondaire cet automne. Somme toute, le combat est loin d’être terminé pour la mère de Sophie qui souhaite sensibiliser davantage les parents face aux cas de violence et d’intimidation répertoriés dans les écoles primaires de la région.

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« Ma fille a vécu une année éprouvante. La vague d’intimidation qu’elle a subie de la part de son camarade de classe est déplorable à tous les niveaux. Nous avons eu du soutien de la part de la direction scolaire avec différents plans d’intervention avec les deux jeunes, mais ça n’a pas été suffisant pour atténuer les nombreuses insultes et les comportements déplacés envers ma fille et d’autres élèves. Une chance que Sophie est bonne à l’école et qu’elle est bien supportée par sa famille et ses amis, car la situation aurait pu dégénérer rapidement. Je ne sais pas si c’est par manque de personnel ou de ressources, mais il y a clairement un besoin à combler dans les cas de violence et d’intimidation extrêmes en milieu scolaire », déplore la maman de Sophie qui vient de compléter son primaire dans un établissement scolaire situé dans la MRC d’Acton.

Difficiles à quantifier, les cas de violence et d’intimidation dans les écoles primaires sont plus courants, constate Marie France Bouchard, directrice des services éducatifs au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH). « La pandémie a été bénéfique sur ce point, car l’implantation des bulles classes aura permis aux membres du personnel de mieux sensibiliser les jeunes face à l’intimidation et de gérer rapidement les différents cas avec les élèves impliqués. Depuis la levée des mesures sanitaires, on a remarqué une hausse des cas d’intimidation. Oui, le phénomène est plus répandu, mais on fait plus de sensibilisation auprès des jeunes qu’auparavant. Il est donc plus difficile pour nous de mettre un chiffre précis sur les cas d’intimidation », soutient Mme Bouchard.

Mentionnons que depuis un peu plus de dix ans, tous les établissements scolaires doivent élaborer un plan de lutte contre la violence et l’intimidation. La loi oblige chaque école à avoir un plan d’action pour prévenir et combattre l’intimidation et la violence dans ses locaux. Adapté pour chaque école, le plan vise, entre autres, à prévenir l’intimidation, à dénoncer les cas d’intimidation, à assurer la confidentialité des plaintes et des renseignements, à agir lorsqu’un cas est signalé par un élève ou autre témoin, à soutenir les élèves qui vivent une situation d’intimidation et à offrir une formation sur l’intimidation tout en établissant les conséquences possibles pour les intimidateurs.

Pour Mme Bouchard, les plans de lutte contre la violence et l’intimidation portent fruit et aident à contrer l’intimidation dans les établissements scolaires du CSSSH. « Chaque école est autonome dans son plan stratégique, mais nous avons de bons échos de part et d’autre. Généralement, chacun des niveaux offre des activités spécifiques en lien avec la prévention pour sensibiliser les élèves à cette réalité. De plus, nous consultons les élèves et ils affirment bien comprendre le message et se sentent en sécurité à l’école. On voit définitivement de l’amélioration, mais il est évident qu’il y a des cas qui demandent un plus grand support que d’autres. C’est pourquoi nous établissons des plans d’intervention avec les élèves en lien avec un cas d’intimidation. On tente de s’éloigner des méthodes punitives en encadrant l’intimidateur dans sa liberté d’association, ses déplacements dans l’école et en lui renommant les bases du respect, par exemple. Bref, toutes les situations sont du cas par cas, et on ne veut pas se rendre à la sanction disciplinaire comme la suspension ou le retrait du groupe malgré la volonté de certains parents. Somme toute, les plans d’intervention sont généralement bénéfiques pour toutes les parties lorsqu’ils sont bien compris et bien appliqués », renchérit la gestionnaire.

Le travail se poursuit

Bien que cette histoire soit désormais chose du passé, la mère de Sophie compte sensibiliser davantage la population face à l’intimidation dans les écoles primaires. Elle a d’ailleurs créé un comité aux côtés de parents ayant subi une situation similaire avec leurs enfants. Ce groupe formé de 19 membres à travers la province tente de faire entendre sa voix auprès du ministère de l’Éducation du Québec et d’autres organismes influents. « On ne changera pas le monde, mais on essaie de trouver des solutions pour contrer l’intimidation dans les écoles et accroître l’estime de nos jeunes », conclut la mère.

* Pour des raisons de confidentialité, nous avons utilisé un prénom fictif.

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