Rappelons que la Municipalité de Racine et la MRC du Val-Saint-François avaient présenté des mémoires dans le cadre des audiences qui se sont tenues du 3 au 6 avril. « Le projet de modification de la limite permettrait de remplir le double objectif issu de la mission du réseau des parcs nationaux du Québec, soit d’assurer la conservation et la préservation du milieu et de sa biodiversité, ainsi que de mettre en valeur le territoire en le rendant accessible à la population à des fins récréatives et éducatives », peut-on lire dans le résumé du dossier.
« Je trouve le rapport très fidèle à ce qui s’est dit devant la commission d’enquête. Les avis de la commission portent vraiment sur des éléments qui sont ressortis des mémoires. Ils prennent compte de nos recommandations, alors je ne peux pas demander mieux. Je suis vraiment content de l’écoute reçue et que cela se reflète dans le rapport. Je suis aussi content du travail qui a été fait en amont avec la SÉPAQ », a déclaré le maire de Racine, Mario Côté. Il est maintenant confiant que le gouvernement donnera suite au rapport et que les modifications demandées concernant le projet seront apportées.
La directrice de l’aménagement et de la gestion du territoire de la MRC du Val-Saint-François, Karine Bonneville, abonde dans le même sens. « Je suis très satisfaite. On se reconnaît dans le rapport. Il apporte des pistes de solutions et des recommandations avec au moins cinq points que nous avons soulevés, alors nos positions sont bien représentées. La SÉPAQ est aussi un partenaire ouvert », a-t-elle affirmé.
Exclusion du lac La Rouche
Parmi les principaux éléments mentionnés dans les mémoires des deux instances municipales, la dénonciation de l’exclusion du lac La Rouche à Racine, appartenant à Placements Bombardier, de l’agrandissement du parc a bien été saisie par la commission. Rappelons que le lac est utilisé pour tester des véhicules récréatifs.
« La commission d’enquête est d’avis que le ministre et le ministère responsables des Parcs devraient poursuivre leurs communications et leurs démarches avec les Placements Bombardier afin d’arriver à un compromis permettant un accès public au lac La Rouche », peut-on lire dans le rapport.
Mme Bonneville a réagi positivement à cet avis même si ce n’est pas le scénario idéal pour la MRC. « On aurait aimé que le lac soit inclus, mais on comprend aussi les préoccupation de BRP qui est une entreprise importante chez nous. Mais s’il peut y avoir un compromis avec l’entreprise, ça peut être intéressant », a-t-elle mentionné.
Préservation du secteur du Ruisseau-Gulf
Autant Karine Bonneville que Mario Côté ont souligné l’importance de préserver le secteur Ruisseau-Gulf à Racine. Plusieurs intervenants l’ont d’ailleurs identifié comme un des espaces potentiels pouvant accueillir un îlot de conservation. D’ailleurs, l’idée d’y permettre la pratique du vélo de montagne et à pneus surdimensionnés a été largement dénoncée. Ils sentent que la commission a aussi voulu aller dans la voie de la préservation.
« La commission d’enquête est d’avis que, en vertu du principe de développement durable Préservation de la biodiversité, le ministère responsable des Parcs devrait envisager de délimiter une zone de préservation extrême à l’intérieur de l’agrandissement du parc national du Mont-Orford afin d’assurer la protection à long terme d’habitats favorables aux espèces vulnérables à la présence humaine et d’espèces en situation précaire. Elle estime à cet égard que le secteur du Ruisseau-Gulf y serait propice », stipule le rapport.
De façon plus globale, le rapport mentionne que « le ministère responsable des Parcs devrait optimiser la dimension des zones d’ambiance au profit des zones de préservation avant l’intégration du plan de zonage du parc national du Mont-Orford au Règlement sur les parcs. »
« Un concept d’aménagement qui n’altère pas la santé des lacs et qui n’aggrave pas les problèmes, c’est ce que nous demandons », a souligné Mme Bonneville.
Elle a d’ailleurs fait référence à l’importance de ne pas introduire davantage d’espèces exotiques envahissantes, une recommandation retenue par la commission. « Les activités proposées à l’intérieur de l’agrandissement du parc national du Mont-Orford ne devraient contribuer d’aucune façon à l’introduction et à la propagation d’espèces exotiques envahissantes dans les plans d’eau. En outre, étant donné qu’il n’est pas prévu de surveiller et de contrôler l’utilisation des stations de lavage, la commission estime que les embarcations personnelles ne devraient pas être autorisées », est-il écrit dans le rapport.
Mission éducative
L’utilisation du parc à des fins éducatives a aussi été fortement recommandée par les instances municipales; et la commission a partagé cet avis.
« Dans le cadre de la mise à jour de son plan d’éducation en lien avec le projet d’agrandissement du parc national du Mont-Orford, la commission d’enquête est d’avis qu’en cohérence avec la mission éducative des parcs nationaux et les principes de développement durable Accès au savoir et Participation et engagement, la Société des établissements de plein air du Québec devrait engager un dialogue avec les intervenants du milieu éducatif pour cibler et faire connaître les mécanismes ou les partenariats facilitant l’accès des clientèles scolaires au parc ainsi que les apprentissages une fois sur place », peut-on lire dans la recommandation.
Le maire de Racine est convaincu qu’aller dans cette direction serait gagnant. «Je crois que prendre l’autobus et aller passer une journée dans le parc peut être très bénéfique pour les jeunes », a-t-il déclaré.
« Essayer que les écoles et les garderies de notre territoire aient un accès au parc faisait partie de nos recommandations », a renchéri Karine Bonneville.
Surveillance et communication
La directrice de l’aménagement et de la gestion du territoire de la MRC du Val-Saint-François s’est aussi réjouie que la commission propose une supervision du site du futur agrandissement par le biais de la création d’un statut de protection transitoire. Les municipalités lui rapportent que des personnes s’y rendent sans autorisation.
De plus, elle approuve la recommandation de mettre sur pied des comités de bon voisinage. Ceux-ci devraient « tenir les citoyens riverains informés régulièrement de l’évolution et de l’implantation du concept d’aménagement de l’agrandissement éventuel du parc national du Mont-Orford. Ces comités devraient également servir de canal de discussion entre les parties prenantes au sujet des problèmes rencontrés et des solutions à apporter pour les résoudre, et ce, tant pendant l’optimisation et l’implantation du concept d’aménagement qu’une fois sa mise en place terminée ».