9 juillet 2025 - 07:00
Lettre ouverte
Les compressions budgétaires en éducation inquiètent les parents d’élèves avec des handicaps invisibles
Par : La Pensée de Bagot

À qui de droit,

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Je me permets de vous adresser cette lettre en tant que parent concerné par une situation qui, malheureusement, illustre les lacunes persistantes de notre système éducatif face aux élèves présentant un handicap invisible, notamment dans le contexte des coupes budgétaires récemment annoncées en éducation.

Mon fils est un élève du programme régulier. Il n’a aucune difficulté comportementale, il est assidu et performant avec des résultats supérieurs à 80 % dans la majorité de ses matières. Cependant, en raison d’un trouble du langage reconnu, il est actuellement en échec en français et en anglais — à seulement quelques points du seuil de passage — faute d’avoir eu accès à des mesures d’adaptation pourtant essentielles à sa réussite. Car aucune mesure d’adaptation ne lui est accordée dans le cadre du programme régulier.

Il ne s’agit pas ici de demander un accompagnement spécialisé ou des interventions coûteuses, mais simplement un geste de souplesse pédagogique dans l’évaluation et dans l’enseignement, pour mieux tenir compte de la réalité des élèves comme lui. Un simple ajustement dans la pondération de l’orthographe ou dans la présentation des consignes, par exemple, aurait pu faire toute la différence.

Ce manque d’adaptation dans le régulier est d’autant plus préoccupant que l’école de mon fils se trouve dans une zone défavorisée de la région d’Acton Vale et relève du Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) où les ressources sont déjà sous pression. Dans un contexte où l’inclusion scolaire est valorisée, nous ne pouvons ignorer les effets d’un système trop rigide ni tolérer que les élèves les plus résilients soient pénalisés pour un besoin invisible, mais réel.

L’intégration scolaire est une valeur fondamentale dans notre société. Pourtant, elle reste trop souvent théorique pour ces jeunes qui se retrouvent entre deux mondes : pas assez en difficulté pour accéder à un soutien spécialisé, mais clairement désavantagé par un système trop rigide pour reconnaître leur réalité. Le manque d’adaptations accessibles au régulier pénalise leur réussite, alors même qu’ils font preuve d’une résilience remarquable.

Dans un tel contexte, je m’inquiète profondément des compressions budgétaires de 570 M$ annoncées dans le réseau de l’éducation. Celles-ci, combinées à la limitation d’accès aux surplus des centres de services scolaires, risquent de fragiliser encore davantage les maigres ressources qui soutiennent ces élèves. Dans notre cas, l’école fréquentée par mon fils est située en zone défavorisée, ce qui ajoute un niveau d’iniquité déjà préoccupant.

Je joins à cette lettre quelques ressources officielles qui confirment la responsabilité légale et morale de nos institutions en matière d’inclusion :

Je vous demande respectueusement d’intervenir auprès du gouvernement pour que les compressions prévues soient reconsidérées et pour que les élèves comme mon fils — brillants, engagés et résilients — ne soient pas les oubliés du système.

Veuillez recevoir, l’expression de mes salutations les plus distinguées.

Maude B. Landry et Jean Duranleau

Acton Vale

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