Autrefois connu sous le nom de Sablière St-Valérien, le terrain a été racheté en 2016 par l’entrepreneur Dany Larivière.
Depuis, la bannière Carrières St-Valérien a été réprimandée à quelques reprises, et ce, autant par la Municipalité que par le MELCC au fil des dernières années. Des plaintes venant de plusieurs citoyens ont d’ailleurs mis la puce à l’oreille aux autorités qui ont ouvert une enquête à l’été 2019 visant l’exploitation d’une carrière sans autorisation.
Parmi ces plaintes, plusieurs s’inquiétaient du nombre élevé de camions empruntant l’artère municipale menant au chemin de l’École, du déversement d’eaux chargées dans la rivière Noire, de séances de dynamitage, de feux illégaux à même la carrière ainsi que du dépôt et du recyclage de manière dite non conforme. « Le propriétaire exploite une carrière en sachant très bien qu’il n’a pas le droit de faire tout ce qu’il fait. Il fait du dynamitage, il récupère des matériaux, il met le feu sur son terrain sans trop de conséquences », s’est confiée à LA PENSÉE une résidente du secteur qui a requis l’anonymat par peur de représailles.
Selon les informations fournies par le MELCC, l’enquête concernant les Carrières St-Valérien a été complétée et le dossier a été transmis au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Ce dernier a signifié trois constats d’infraction à l’entreprise le 5 octobre 2021. Au moment d’écrire ces lignes, le processus judiciaire entourant le dossier suivait son cours. Mentionnons que les infractions liées à la carrière portent principalement sur l’interdiction de dynamiter, le déclenchement d’incendie sur le terrain et le dépôt illégal de certains matériaux.
Suivant l’histoire depuis un certain temps, le maire de Saint-Valérien-de-Milton préfère attendre la fin du processus judiciaire avant d’émettre une opinion. « Je fais régulièrement un suivi auprès du Ministère à savoir où ils sont rendus dans le processus. Les infractions liées à la carrière sont plus difficiles à cerner puisqu’il y a des choses qu’ils ont le droit de faire et d’autres non. C’est au gouvernement à tracer la ligne entre l’aspect légal et illégal », précise Daniel Paquette.
Malgré les actions prises par le gouvernement, la citoyenne déplore tout de même la lenteur du processus. « J’ai espoir qu’on pourra faire avancer les choses, mais il faut vraiment revoir les sanctions pour le bien de l’environnement. La Ville et le ministère des Transports du Québec (MTQ) sont liés à cette entreprise, car ils encouragent les entrepreneurs à s’approvisionner en matériaux à cet endroit », renchérit-elle.
Le propriétaire se défend
Les différentes plaintes portées contre son entreprise n’effraient pas Dany Larivière, propriétaire des Carrières St-Valérien. Rencontré par le journal, l’entrepreneur confirme avoir pris connaissance des constats d’infraction déposés par le DPCP. Bon joueur, il affirme avoir plaidé coupable pour l’incendie volontaire ayant eu lieu dans la carrière. M. Larivière dit avoir déboursé le 30 000 $ d’amende imposé pour non-respect du règlement émis par le MELCC.
Sur le plan du dynamitage, le propriétaire ne cache pas avoir eu recours à cette pratique pour les biens de sa carrière et de l’environnement.
Ce dernier aurait dynamité jusqu’à la limite permise afin de pouvoir mieux pomper l’eau du bassin de décantation vers la rivière Noire. Située non loin d’un ancien dépotoir, la carrière a maintenu l’eau du bassin à un bas niveau et a mis en marche sa station de pompage afin de diminuer le déversement de contaminants provenant de ce secteur. Peu de temps après, la direction a reçu un avis d’infraction de la part de la Municipalité pour avoir rejeté dans la rivière des eaux chargées.
Une décision décriée Dany Larivière, qui a réussi à se tirer d’affaire avec une entente à l’amiable. « J’ai trouvé ça hypocrite de leur part, car c’est dans l’intérêt du MELCC que la nappe phréatique reste basse pour ne pas contaminer l’eau. J’ai juste trouvé une solution en créant un bassin de décantation et eux m’accusent de ne pas avoir les droits acquis. Je comprends la situation. Je vais me conformer aux règles, mais qu’ils arrêtent de me mettre constamment des bâtons dans les roues. »
M. Larivière mentionne vouloir se conformer aux normes environnementales en vigueur. Il est d’ailleurs en attente de deux certificats d’autorisation, dont celui de réception de béton et de matériaux granulaires, pour que toutes ses activités soient reconnues. Bien qu’il porte le nom de carrière, le site tend vers une autre vocation, soit la récupération et le recyclage de matériaux. Se faisant attendre, les certificats d’autorisation permettront, entre autres, d’entreposer tout type de matériaux granulaires fournis par des entrepreneurs en excavation pour, par la suite, être triés et distribués à des compagnies dans le domaine de la construction. Selon Dany Larivière, l’entreprise fournirait présentement de la terre végétale au Réseau express métropolitain (REM). « C’est la vocation que je veux donner à la carrière. Je vais garder le nom puisque c’est le terme juridique que j’ai donné, mais je souhaite me diriger vers le recyclage et la récupération de matériaux », souligne-t-il.
Mentionnons que l’entreprise est présentement à vendre pour la somme de 10 M$ puisque son propriétaire souhaite se concentrer sur d’autres projets. Ce dernier souhaiterait tout de même prêter main-forte au prochain propriétaire afin de poursuivre les activités déjà entamées.