Si la Montérégie est la deuxième région en importance au Québec en matière de poids démographique et économique, le financement de la culture continue d’accuser un retard important comparativement aux autres régions du Québec.
Selon l’étude, les dépenses moyennes en culture par les municipalités montérégiennes sont de 71 $ par habitant (contre une moyenne de 94 $), et celles par le gouvernement du Québec sont de 37 $ par habitant (moyenne de 141 $), ce qui vaut respectivement au 7e et au 15e rang national.
« La Montérégie se retrouve en bas de peloton avec les régions des Laurentides, Lanaudière et Laval. Il s’agit de régions qui sont toutes limitrophes à la grande région de Montréal. Un phénomène que l’on peut qualifier de trou de beigne inversé », illustre l’étude pilotée par Pierre-Olivier Saire, faisant un lien entre la grande vitalité culturelle de la métropole et les faibles investissements dans les régions environnantes.
La proximité avec Montréal se traduit aussi par une importante perte d’assistance culturelle : si on estime à plus de 700 000 le nombre de spectateurs montérégiens, environ 4 spectacles sur 10 vus par des résidents de la Montérégie le sont à l’extérieur de la région, majoritairement à Montréal, soulignant une « dépendance culturelle » à la métropole.
De plus, le nombre moyen de billets disponibles par habitant en Montérégie est parmi les plus faibles au Québec et la région offre le moins de variété dans son offre de spectacles (l’humour à lui seul compte pour 46 % de tous les spectacles offerts, laissant moins d’espace qu’ailleurs à la danse, à la musique classique et au théâtre). Culture Montérégie estime qu’il n’est donc pas surprenant que tant de consommateurs de culture continuent de se tourner vers Montréal, renforçant la dynamique des « banlieues versus la ville centre ».
Bibliothèques et médias
Les retards dans les investissements en culture se traduisent aussi dans les bibliothèques de la Montérégie, qui sont en dessous de la moyenne nationale depuis 2013 pour le Réseau BIBLIO, voire depuis 2010 pour les bibliothèques publiques autonomes (BPA). Dans le cas des BPA, l’étude note un taux de croissance annuel des dépenses de 1,9 %, soit moins que l’inflation.
La Montérégie est aussi laissée pour compte par plusieurs médias nationaux, qui n’ont pas d’antenne en Montérégie contrairement à d’autres régions plus éloignées, et qui obtient une faible couverture par les médias montréalais, laissant ainsi le soin aux médias régionaux de couvrir l’actualité de même que la vie culturelle montérégienne.
Pour Culture Montérégie, cette étude de Daigle/Saire, premier exercice du genre depuis 2012, doit servir de sonnette d’alarme pour agir afin d’inverser la tendance observée. « Les décideurs de toute la Montérégie doivent réfléchir aux stratégies à adopter dès maintenant pour inverser l’écart entre le dynamisme économique et démographique de la région et l’offre culturelle aux citoyens. Un fossé se creuse entre les ressources financières disponibles pour les ménages montérégiens et leur accessibilité à une offre culturelle de proximité », soutient un communiqué publié à la suite de la présentation de l’étude.
Il est possible d’accéder à la totalité de l’étude sur le site de Culture Montérégie au culturemonteregie.qc.ca.
Par Olivier Dénommé