26 juin 2024 - 07:00
Médaille d’or en Montérégie
Des sirops d’exception dans le Canton de Roxton
Par: Véronique Lemonde

Photo gracieuseté

Guy Langevin, Julie Pion, Stéphane Guay, Victor Guay, Édith Bonneau et Gilles Pion lors de la remise de la médaille d’or, à Saint-Georges-de-Beauce, du concours de la Grande Sève de la Fondation de la Commanderie de L’Érable. Photos gracieuseté

Julie Pion aborde le sirop d’érable comme le vin, elle qui est sommelière.

Parce qu’elle est sommelière de profession, Julie Pion a une manière bien personnelle d’aborder le sirop d’érable, « notre vin québécois », selon ses dires. Grâce à un projet personnel qui prend racine dans le Canton de Roxton, la jeune femme a accompli tout un tour de force après tout juste deux saisons en acériculture, soit remporter la médaille d’or de la Montérégie au concours de la Grande Sève de la Fondation de la Commanderie de L’Érable, en juin.

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C’est ainsi que l’entreprise Comme Avant collabo agricole s’est démarquée avec son sirop Cœur de Coulée bouilli le 13 mars dernier. Lors de la dégustation à l’aveugle de ce dernier, les 21 juges ont déterminé que « ce sirop était riche et possédait une saveur d’érable dominante ainsi que des effluves de vanille et de cassonade lui conférant une belle longueur en bouche ». En tout, ce sont plus de 166 sirops issus de divers terroirs et répartis en six régions qui furent dégustés dans le cadre de ce prestigieux concours.

« Comme Avant, c’est vraiment un projet personnel dans lequel je fonde beaucoup d’espoir. C’est mon amour du vin qui m’a amené au sirop d’érable et ici, dans le Canton de Roxton, je pense que c’est la forêt et la terre qui m’ont trouvée », lance Julie Pion. Au départ, cette dernière cherchait une parcelle de terre, idéalement une vieille plantation de vignes, pour un projet de vignoble et de vendanges. Sur la terre d’un hectare qu’elle a acquise l’an passé dans le 6e Rang, on trouve en effet des vignes et des bleuets. Et dans la forêt attenante, une vieille érablière des années 50. « Nous avons voulons sauver ça. Le monsieur qui possédait ces terres utilisait encore une vieille section de tubulures pour l’érablière. Je suis arrivée le 1er mars 2023 et le 16 mars, je bouillais mon premier sirop! En 2023, j’ai réussi à produire 100 gallons de sirop et j’ai vraiment eu la piqûre pour l’acériculture. Cela rassemble ma famille et mes amis, j’ai beaucoup de soutien. »

Issu de la roche

Lorsqu’elle parle sirop, Julie Pion pense aussi à cépages, sol, sous-sol, microclimat et pratiques culturales. La sommelière n’est jamais bien loin. « Notre forêt à Roxton est très rocheuse, avec des affleurement rocheux – la fameuse roche-mère – créant une multitude de petits coteaux aux expositions multiples, avec des sols peu profonds, composés de dépôts glaciaires. Donc, un sol très minéral et acide. Je pense vraiment que le goût d’un sirop, comme celui d’un vin, est influencé par son terroir », ajoute Mme Pion.

C’est ainsi que les sirops d’érable d’exception conçus par Comme Avant collabo agricole puisent à même une forêt unique. Ils sont bouillis longtemps dans un évaporateur au bois, non assemblés et embouteillés à la propriété dans des pots réutilisables.

« Mon père améliore la vieille cabane avec toutes ses idées ingénieuses, ma maman nous nourris pendant les sucres, sinon nous ne mangerions que du sirop! Puis, mon bouilleur est un ami de la famille qui possédait une cabane il y a 30 ans, maintenant à la retraite. Il est hyper engagé et nous transmet généreusement son savoir. » De ce projet créatif et gourmand, la jeune entreprise a créé un sirop qui a par la suite reposé dans des barils en fût de chêne usagés ayant déjà servis à la distillation d’un rhum agricole. Un procédé que la jeune acéricultrice compte répéter pour d’autres sirops avec des barils ayant contenu du whisky canadien ou du bourbon américain. Puis, Julie Pion a commencé la culture du safran avec l’idée originale d’en aromatiser certains de ses sirops, créant un goût fin et floral.

« La reconnaissance est déjà là en remportant un tel prix dans un si prestigieux concours. Déjà, j’espère faire découvrir mes sirops de dégustation à des restaurants ou à des tables champêtres. Je souhaite développer différentes saveurs de sirops d’érable même si je suis toujours au tout début de mon parcours. Je suis certaine que le terroir de Roxton est particulier et, dans les années à venir, je veux me concentrer à en faire ressortir toutes les spécificités et à le faire connaître », conclut Julie Pion.

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