Ce premier extrait, Lueur, introduit les amateurs de musique à un univers un brin planant, un brin mystérieux, accompagné de la partition de six autres musiciens. Mais surtout, c’est en pleine forêt que l’artiste a enregistré et trouvé l’inspiration pour ce nouvel opus, grâce à ses deux pianos placés à l’extérieur depuis maintenant deux ans.
Reconnu pour ses prestations accompagnées de projections de films muets, le pianiste n’en est pas à sa première expérience où nature et musique s’entremêlent. En 2016, installant un piano droit sur le Bouclier canadien dans les Territoires du Nord-Ouest, Roman Zavada avait donné naissance à un album original, Résonances boréales, et à un spectacle immersif où les aurores boréales ont été captées en temps réel, en 360 degrés. Encore une fois en symbiose avec la nature, le pianiste a visité tout simplement la forêt derrière sa demeure de Sainte-Christine pour créer des œuvres en extérieur.
« J’avais commencé un tout autre projet avant la pandémie et ces événements ont freiné ce dernier. Puis, j’ai mis mon piano droit à l’extérieur dans la forêt, derrière chez moi, et je l’ai laissé là quelque temps. Puis, je m’y suis installé et il jouait encore. J’ai alors réalisé que jouer sur un piano laissé à l’extérieur ça changeait les choses et j’ai voulu pousser plus loin l’expérimentation. J’ai réalisé que j’avais accès à un silence, celui de la forêt, et que cela pouvait devenir très inspirant. En fait, c’est devenu la ligne directrice de mes compositions pour cet album », indique Roman Zavada.
Ode à l’imperfection
Dans un monde musical trop souvent léché et extrêmement harmonieux, Roman Zavada a plutôt joué de l’imperfection des deux pianos qu’il a laissé « traîner » dans la forêt, de leurs blessures et de leur usure à cause des éléments climatiques. « J’ai accepté ces imperfections pour en jouer et pour apporter une nouvelle forme d’écoute dans mes pièces, dans les sons qui en ressortent. »
Roman Zavada a tout de même dû composer avec les bruits ambiants extérieurs lors des enregistrements, afin de doser le tout, grâce également aux arrangements de François Richard. Pour cet album laboratoire, le pianiste utilise aussi certaines technologies d’échantillonnage et dévoile ainsi un univers fascinant et un voyage de sonorités riches et atypiques. « Je pense que la nature fait vraiment partie de ma démarche artistique dorénavant. »
Récemment en rodage à la Maison de la culture Maisonneuve, Roman Zavada présentera les pièces de son nouvel album à la salle Pauline-Julien, à Sainte-Geneviève, le 21 avril, et dans le cadre de la programmation Première Scène Mont-Tremblant le 28 septembre.
Plus près de nous, il participera à un spectacle collectif le 1er juin, à 14 h, au Théâtre de la Dame de Cœur, à l’occasion de L’année Lemoyne. Rassemblant également Margie Gillis et Ryth Kesselring, cette performance éphémère honorera la mémoire de Serge Lemoyne.
« J’irai de quelques-unes de mes pièces, mais aussi d’improvisation pour plonger dans l’univers de Lemoyne et s’en inspirer », conclut M. Zavada.