31 mai 2023 - 07:00
CSSSH : une nomination qui soulève des questions
Par: La Pensée de Bagot

La nomination de Patrice Brisebois au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe soulève certaines inquiétudes du côté syndical. Photo gracieuseté

La nomination de Patrice Brisebois au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe soulève certaines inquiétudes du côté syndical. Photo gracieuseté

Le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) a procédé à une nomination controversée pour pourvoir un poste à la direction générale adjointe, celle de Patrice Brisebois. Ce dernier était directeur de l’école secondaire Saint-Laurent lorsque des comportements déplacés de trois entraîneurs du programme de basketball féminin se seraient produits. D’un côté, le CSSSH assure avoir effectué un processus de sélection rigoureux. De l’autre, les syndicats se montrent particulièrement inquiets.

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« On a accueilli cette candidature avec un œil doublement vigilant. Le processus a été des plus rigoureux avec un comité de sélection constitué de façon paritaire avec des membres du conseil d’administration et des personnes du côté administratif [du CSSSH] ainsi qu’en collaboration avec une firme externe. Lorsqu’il y a une ombre au tableau, on s’assure de faire toutes les vérifications en bonne et due forme », tient à rassurer le directeur général du CSSSH, Jean-Pierre Bédard.

M. Bédard était directeur général adjoint du Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys au moment où Patrice Brisebois était directeur de l’école secondaire Saint-Laurent. L’embauche de ce dernier a été réalisée par le biais d’un chasseur de têtes. On nous assure que cette histoire a été abordée dès les premières étapes du processus d’embauche.

En février 2022, La Presse révélait des allégations sérieuses contre trois entraîneurs du programme de basketball féminin de l’école secondaire Saint-Laurent. Ces hommes ont d’ailleurs été accusés de divers crimes sexuels devant la Cour du Québec. Selon les témoignages recueillis par le média, on leur reproche également d’avoir tenu des comportements inacceptables comme des abus verbaux et de l’intimidation ou encore d’avoir provoqué des humiliations. Le nom de Patrice Brisebois a été mentionné dans les reportages puisque des employés et ex-employés ont affirmé à La Presse avoir dénoncé à la direction certains comportements des accusés en vain. M. Brisebois était directeur de l’établissement à ce moment et n’avait pas souhaité donner sa version des faits.

Le ministre de l’Éducation de l’époque a ordonné une enquête administrative. Les conclusions, dévoilées en début d’année, estimaient que la dignité de plusieurs athlètes avait été compromise durant leur passage à cette école secondaire.

Malgré ces événements, M. Bédard encense la nomination de Patrice Brisebois. « M. Brisebois s’est distingué à travers les candidatures qu’on a retenues. Il s’est démarqué par son leadership pédagogique. C’est un gestionnaire aguerri. Il a de l’expérience professionnelle en parfaite adéquation avec notre profil. Les références étaient tout à propos. Quand on fait affaire avec une firme externe, il n’y a pas de faille. Bien sûr, ça peut poser des questionnements pour certains. Validations faites, on n’a aucun malaise à l’accueillir au sein de la communauté. »

Il assure que les événements ont été évoqués avec le personnel-cadre. Le département des communications effectue également des vigies sur les réseaux sociaux afin de vérifier si des commentaires ou des malaises se sont manifestés sur le sujet. « On a récolté que de bons commentaires, de personnel divers. On ne récolte que du positif. En toute transparence, on en a parlé avec les cadres. C’est ce que M. Brisebois voulait aussi. Il est conscient bien entendu que dès que son nom apparaît quelque part [comme ça], ça peut amener des suspicions. Le candidat était tout à fait à l’aise qu’on parle de cette situation-là », poursuit-il.

De nombreuses inquiétudes

Les syndicats sont pourtant loin d’être rassurés. Le président du Syndicat de l’enseignement Val-Maska, Patrick Théroux, souligne que la nomination de M. Brisebois a soulevé plusieurs interrogations. « On sait que ce n’est pas lui qui est accusé, mais on se demande comment pareille situation va être gérée, s’il y a lieu. Ça laisse place aux spéculations. Je suppose qu’il devait y avoir plusieurs candidatures, mais le Centre de services scolaire a décidé de choisir une personne avec ce passé. En espérant que le passé ne soit pas garant de l’avenir », dit-il.

De son côté, la présidente du syndicat du personnel de soutien, Cynthia Côté, s’est dite très préoccupée. « On est très surpris qu’ils aient procédé à cette nomination-là, alors que le dossier n’est pas réglé devant les tribunaux. [Concernant son embauche], on parle d’un processus rigoureux, mais rigoureux à quelle hauteur? J’ai beaucoup de difficulté avec ça. Je me demande pourquoi on a fait ce choix-là. Si tu me demandes ce qui me rassurerait dans cette situation, il n’y a rien. À la lumière des événements qui se sont produits, mon niveau de confiance est très bas. Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait beaucoup plus de transparence et de réponses à nos questions », affirme Mme Côté.

Patrice Brisebois entrera en poste le 1er juillet. Il a commencé sa carrière en 1998 en tant qu’enseignant pour le Centre de services scolaire des Grandes Seigneuries. Il a aussi occupé les postes de directeur adjoint d’établissement, de directeur d’établissement et de directeur adjoint du Service de l’organisation scolaire et du transport scolaire. Depuis 2021, il était directeur du Service des technologies de l’information au Centre de services scolaire de Laval.

Une deuxième nomination

À la fin février 2023, la directrice générale adjointe, Nancy Prévéreault, a quitté ses fonctions pour devenir directrice générale du Centre de services scolaire des Phares, dans la région de Rimouski. Depuis, Karina St-Germain assumait l’intérim. En plus d’annoncer l’embauche de M. Brisebois, le conseil d’administration du CSSSH a aussi confirmé la nomination de Mme St-Germain en tant que directrice générale adjointe.

Un texte de Sarah-Eve Charland. 

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