Bien que déterminé à reprendre le flambeau, la pression de certains citoyens aura pris le dessus sur le maire par intérim qui a quitté ses fonctions le 13 avril. Une plainte a d’ailleurs été déposée à la Sûreté du Québec (SQ) par M. Fauteux la semaine dernière dans le cadre du Plan de lutte à l’intimidation des élus (PLI-ÉLUS). Ne pouvant préciser la nature des propos intimidants en raison de l’enquête policière en cours, l’ex-maire suppléant rapporte avoir reçu quelques appels inacceptables la semaine dernière. Des personnes auraient aussi fait pression sur son employeur afin de réclamer sa démission.
« Mon employeur m’a informé de la situation. Comme je ne voulais pas lui nuire et le faire payer pour des choix politiques pris par la Municipalité, j’ai tout simplement décidé de me retirer de la vie politique. Par cette sortie publique, je souhaite dénoncer les gestes d’intimidation qui ont été posés envers M. Lacharité et moi-même. Ce n’est pas concevable qu’en 2023 les élus municipaux soient encore menacés. Je pense que le gouvernement doit se montrer plus proactif dans ce genre de dossiers », a-t-il confié en entrevue à LA PENSÉE.
Sans trop préciser la nature des événements, les propos menaçants auraient été formulés à la même période que la rencontre entre la mairie et le comité de citoyens portant sur les inquiétudes et les questionnements face à l’avenir du Service des incendies de Wickham. Rappelons que lors de la séance du conseil municipal du 3 avril, M. Fauteux avait confirmé qu’une rencontre entre les deux parties aurait prochainement lieu dans l’espoir de calmer la grogne citoyenne. « Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais la rencontre n’a pas eu lieu dans le format qu’on aurait souhaité », a souligné M. Fauteux.
Avant sa sortie publique, il a annoncé à ses collègues du conseil municipal sa décision de quitter, pour l’instant, la vie politique municipale. « Je leur souhaite le meilleur pour l’avenir et qu’ils puissent mener à terme les différents projets municipaux », explique M. Fauteux.
Préoccupé
Suivant de près la situation à Wickham ces dernières semaines, le députe de Johnson, André Lamontagne, s’est dit préoccupé par ces démissions et ces récents épisodes de harcèlement et d’intimidation envers certains élus. « Les gestes d’intimidation sont tout simplement inacceptables. On peut comprendre que des citoyens peuvent être en désaccord ou se questionnent face aux décisions des élus. Mais lorsque ça penche du côté de l’intimidation et du harcèlement, ce sont des choses qui ne sont pas tolérables en société », soutient M. Lamontagne.
Questionné par LA PENSÉE quant au pouvoir d’un député dans ce genre de dossiers, M. Lamontagne dit travailler conjointement avec la ministre des Affaires municipales, André Laforest, dans cette histoire.
« Mon rôle premier est de me tenir près des citoyens de Wickham, de répondre à leurs questions et de supporter le prochain maire suppléant comme je l’ai fait avec M. Lacharité et M. Fauteux. De plus, j’informe ma collègue de tout développement dans le dossier. Je peux assurer que si, demain matin, la Municipalité ou le conseil municipal de Wickham n’avait pas quorum pour siéger, on enclencherait le mécanisme prévu à cet effet, et ce, le plus rapidement possible », rapporte-t-il.
M. Lamontagne fait ici référence aux différents mécanismes prévus par la Commission municipale du Québec au sujet de la tutelle et de l’administration provisoire d’une Municipalité. Comme décrit sur son site Internet, la Commission « administre une Municipalité de manière temporaire lorsque le conseil municipal n’a plus suffisamment de conseillers en fonction (quorum) pour prendre des décisions valables. Elle remplace donc le conseil municipal. Lorsqu’une Municipalité est sous la tutelle de la Commission, le conseil municipal conserve son autonomie décisionnelle, mais ses décisions doivent être approuvées par la Commission ».
À ce jour, l’avenir de la mairie reste encore incertain pour la Municipalité de Wickham qui annoncera dans les prochains jours le nom de la personne qui assurera le poste de maire suppléant. Chose certaine, des élections partielles se tiendront le 18 juin pour le poste de maire ainsi que le poste de conseiller laissé vacant par M. Fauteux. Les citoyens qui souhaitent se présenter pour l’un de ces deux postes pourront déposer leur candidature entre le 5 et le 19 mai.