« Ç’a été la soirée la plus difficile de toute ma vie. Des agents de sécurité sont intervenus pour calmer les citoyens qui empêchaient la tenue du vote », a confié le maire de Wickham, Ian Lacharité.
Il a avoué que la décision avait été prise tout juste après la séance d’information qui précédait la séance du conseil. « Je suis aussi un citoyen et je ne souhaite pas de poursuite. Je n’avais aussi pas le choix légalement de me conformer au nouveau schéma de couverture de risques. Notre force de frappe est en baisse depuis deux ans. Déjà, nous arrivions seulement à la respecter dans seulement 64 % des cas il y a cinq ans et, il y a deux ans, elle a baissé à 57,7 %. Je viens aussi d’apprendre que depuis cinq ans, notre Service des incendies n’a pas atteint les cibles en matière de maintien de compétences », a-t-il expliqué.
Des moyens de pression inutiles
Puisque la décision était déjà prise, les tentatives de faire changer les élus d’idée lors du conseil ont été infructueuses. « Ce fut très émotif. Ceux qui sont pompiers depuis 30 ans ont troué ça particulièrement difficile. Des pompiers ont même déposé leurs vestes, chemises et radios devant le maire pour essayer de l’influencer, mais ce fut peine perdue », a raconté le directeur du Service des incendies de Wickham, Mario Vaillancourt.
Le président et propriétaire d’Agrimetal, Pascal Houle, a aussi déposé une pétition de 800 signatures exigeant le maintien de l’entente d’entraide existante avec Drummondville. Toutefois, ce n’est pas uniquement des citoyens de Wickham qui l’ont signée.
« Je dors mieux la nuit avec une caserne à côté. Nous voulions prendre le temps de nous asseoir et de présenter des alternatives », a-t-il déclaré à LA PENSÉE.
Les entrepreneurs sont ceux qui désirent le plus conserver les services des pompiers volontaires locaux. Les entreprises sont plus à risque de passer au feu le soir et la fin de semaine, car elles sont laissées sans surveillance à ces moments. En conséquence, les pompiers volontaires locaux peuvent intervenir plus rapidement le soir et la fin de semaine, car ils sont à Wickham plutôt qu’à leur autre emploi dans d’autres municipalités. Toutefois, c’est la lacune de jour qui a poussé le conseil à sonner le glas du Service des incendies.
Pour l’entrepreneur Pascal Houle, la partie n’est pas finie. Alors que la joute politique a pris fin, il semble songer à un recours en justice.
Une mairesse qui dérange
La mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, ainsi que le directeur du Service de sécurité incendie et sécurité civile de Drummondville, Yves Beaurivage, et le capitaine, Pascal Roux, étaient présents à l’assemblée du 13 mars à Wickham.
Christophe Hardy, le conseiller en sécurité incendie de la MRC de Drummond, était aussi de la partie. Leur but était de répondre aux questions techniques et de mise en contexte. D’ailleurs, les médias de Drummondville avaient été invités à une rencontre technique le matin même pour rectifier certains faits qu’ils avaient publiés.
La mairesse Lacoste a été accueillie très froidement par les citoyens. La seule question qu’elle a reçue visait à justifier sa présence. « Qu’est-ce qu’elle faisait là? Elle n’avait pas d’affaire à Wickham », a déclaré Pascal Houle.
En entrevue avec LA PENSÉE, la mairesse a affirmé ne pas s’être sentie visée, mais avoir été témoin de l’émotion palpable.« Quand on vient toucher à l’identité d’une municipalité, ça soulève les passions. Par contre, les municipalités ont des responsabilités et ne devraient pas se laisser influencer. Elles ne veulent pas être responsables d’une mort », a-t-elle affirmé.
La mairesse a aussi voulu démentir une rumeur selon laquelle l’augmentation à 12 pompiers pour les deux casernes et la construction d’une nouvelle caserne à Saint-Nicéphore prévues au plan stratégique visaient à assurer la desserte de Wickham. Elle a rappelé que les discussions datent de 2019 et que la Ville a procédé à une analyse qui indiquait clairement qu’avec ses moyens actuels, elle pouvait intégrer les trois municipalités qui ont joint son service, soit Wickham, L’Avenir, et Saint-Majorique-de-Grantham.
Le directeur du Service de sécurité incendie et sécurité civile de Drummondville, a confirmé qu’actuellement cinq pompiers par caserne (2) sont disponibles en tout temps à Drummondville en plus des quatre qui sont de garde sans être sur place.