Yannick Charlebois, président de Métal Express à Roxton Falls, fait partie des en- trepreneurs parmi les plus touchés. Son entreprise collecte et recycle des résidus de métaux. Les rebuts d’acier sont exportés dans des fonderies aux États-Unis. Déjà, plusieurs usines de ses clients ne fonctionnent qu’à 50 % depuis les menaces de tarifs et il craint que certaines soient mises sur pause ou ferment si les tarifs sont finalement appliqués.

Heureusement, les tarifs sur l’acier et l’aluminium annoncés le 10 février ne devraient pas l’affecter directement, car il ne vend pas les métaux quand il sont neufs. Toutefois, la demande pourrait baisser aux États-Unis de sorte que les prix pourraient diminuer éventuellement.

M. Charlebois a aussi mis ses in- vestissements sur pause, surtout que ses équipements proviennent des États-Unis. Il s’efforce néanmoins de vendre le plus possible avant que les tarifs sur tous les produits n’entrent en vigueur afin de réduire son inventaire et ainsi éviter les pertes au maximum.

Selon lui, il est difficile de se tourner vers d’autres marchés comme l’Asie et l’Europe rapidement et les besoins ne sont pas nécessairement aussi grands là-bas. Cela se ferait aussi à perte. Néanmoins, il a déjà acquis un équipement pour charger des conteneurs maritimes. Toutefois, il lui faudrait 200 conteneurs de plus pour développer ces marchés. M. Charlebois croit qu’il est impossible d’envoyer outremer les 3500 tonnes d’acier auparavant destinées aux États-Unis. De plus, les produits de certains de ses clients devraient totalement être transformés pour convenir à de nouveaux marchés.

« L’impact des tarifs sera immédiat et rapide et cela va faire extrêmement mal aux manufacturiers, surtout locaux. Nous avons beau essayer de trouver des solutions et savoir que le gouvernementva nous octroyer des prêts, mais ce seront seulement des pansements sur des plaies ouvertes. Notre production et notre ren- tabilité ne reviendront pas à ce qu’elles étaient avant. C’est juste donner un peu de souffle grâce à un respirateur artificiel. ».

Nathalie Bessette, directrice générale de Réalisations Newtech à Acton Vale, craint aussi que son entreprise spécialisée dans l’installation de menuiserie architecturale et de mobilier intégré, notamment pour de grandes chaînes de magasins, voie baisser le nombre de ses contrats. Bien qu’elle ait un bureau aux États-Unis, environ 30 % de ses clients sont des entreprises canadiennes qui ont eux-mêmes des clients aux États-Unis. « Je suis en contact constant avec eux. Certains démontrent certaines inquiétudes, alors que d’autres moins, car ils ont déjà un pied à terre aux États-Unis depuis le premier mandat de Trump », a-t-elle mentionné.

Mme Bessette est néanmoins rassurée puisque son carnet de commandes aux États-Unis est bien rempli d’ici la fin de l’année et elle croit qu’il se maintiendra. Elle espère que la faible valeur du dollar canadien permettra à ses clients canadiens d’obtenir de nouveaux contrats. Elle croit que, d’ici deux à quatre mois, elle sera à même de constater si le nombre de soumissions sera à la baisse ou pas.

Karine Lavallée, vice-présidente de Distribution Upton et de Jean Lavallée Transport, est aussi confrontée à des défis de taille avec des clients canadiens exportant aux États-Unis. Par exemple, un client canadien exportant du blé aux États-Unis a mis sur pause sa commande de 1500 tonnes par mois. Il y a aussi un risque que le maïs exporté habituellement aux États-Unis demeure sur le marché de sorte à faire augmenter l’offre et baisser les prix. Habituellement, Mme Lavallée réussit à vendre des cultures pas encore plantées, mais présentement, il y a trop d’incertitudes. Les 3 et 4 février, aucune transaction à long ter- me n’a donc été effectuée. Actuellement, c’est localement que les transactions impliquent le moins de risques et pour ce qui est des clients exportant aux États-Unis, Mme Lavallée attend de leurs nouvelles.

Du côté de Beaulieu Canada, qui a une usine de tapis à Acton Vale, le développement du marché américain était dans la mire pour 2025, mais le projet a tout simplement été mis sur pause.