« C’est à la fois une décision de tête et de cœur. La passion n’était plus assez forte », a déclaré le copropriétaire, Nicolas Baron.
C’est en 2018 que lui et sa conjointe Zoé Bisaillon, dont la famille possède l’érablière depuis 25 ans, ont décidé d’y joindre le vignoble. Ils avaient commencé la production de boissons alcoolisées à base d’érable et y voyaient un bel arrimage. Toutefois, les gels printaniers et la lourdeur administrative ont vite fait de refroidir leurs ardeurs. « Nous devons consacrer plus de la moitié de notre temps au vignoble et il ne nous rapporte pas autant de revenus », a affirmé M. Baron.
« En mai, nous sortions à peine de notre saison à l’érablière que nous devions être sur le qui-vive pour surveiller la météo pour les vignes. Nous avons décidé que nous ne voulions plus nous battre contre dame Nature », a-t-il renchéri.
Nicolas Baron a expliqué qu’une partie du vignoble se trouve dans une zone de 5 °C plus froide que les autres. La fin du mois de mai 2021 a été particulièrement catastrophique alors que la température a atteint -3 °C, ravageant 98 % de la production.
« Nous n’avons pas lancé la serviette au premier gel », a néanmoins souligné M. Baron. À compter de 2022, les copropriétaires ont commencé à utiliser de la vapeur d’eau pour protéger leurs plants. Ce fut un succès, mais le processus étaient toujours à répéter. Ils ont ensuite fait affaire avec une sommité pour trouver une solution, soit l’installation de toiles et d’abris permettant de gagner 10 °C sur une partie du vignoble en 2023.
Toutefois, ils n’étaient pas prêts à investir temps et énergie pour protéger tout le vignoble, d’autant plus qu’en mai 2023, pendant neuf nuits, la température a atteint 0 °C ou moins. « C’est une solution énergivore et coûteuse. De plus, nous protéger du gel demande beaucoup de ressources humaines. Ça nous prend 72 heures, à six personnes à temps plein, pour nous préparer pour une nuit de gel. Quand il y en a plusieurs de suite, nos amis, notre famille et nos voisins sont fatigués », a expliqué Nicolas Baron.
Bureaucratie excessive
Le copropriétaire a aussi dénoncé la lourdeur administrative alors qu’il doit remplir de nombreux rapports. Il déplore un manque de collaboration des trois paliers gouvernementaux. « Le côté administratif a tué la passion. Le fédéral, le provincial et le municipal nous mettent des bâtons dans les roues. »
Le projet de loi 17 adopté en octobre 2023 a ajouté encore plus de paperasse concernant la vente et la fabrication de boissons, alors que le gouvernement avait promis l’inverse, a-t-il mentionné. De plus, depuis décembre de la même année, tous les vignerons doivent remettre à la Société des alcools du Québec (SAQ) un montant équivalent à 40 % du prix de chaque bouteille vendue en épicerie. Ce sont des gouttes qui ont fait déborder le vase.
M. Baron a aussi dénoncé que la Ville d’Acton Vale ait refusé que la Régie des alcools octroie à son entreprise un permis pour des dégustations sur place, le même que pour les bars.
Malgré ce choix déchirant, le Domaine du Cap mise sur des nouveautés depuis le printemps. Du prêt-à-manger est dorénavant disponible au kiosque à la ferme et le couple a acquis une fabrique à pâtes fraîches. Il participe aussi au marché de Drummondville les vendredis et samedis.
