Au moment de l’entrevue, l’équipe gravitant autour du metteur en scène finalisait l’orchestration générale du traditionnel défilé de la fête nationale qui se tiendra à Montréal le 24 juin. Un travail colossal, tout comme la mise en œuvre de tous les menus détails concernant chaque parcelle de ce spectacle de rue à grand déploiement.
« Ce n’est pas ma première expérience avec la fête nationale. Je me rappelle particulièrement du défilé de 1990 à la suite de l’Accord du lac Meech. Cela faisait alors sept ou huit ans qu’il n’y avait pas eu de défilés lors de la fête nationale. Ça remontait aux années de Pierre Elliott Trudeau [NDLR, il y a eu un seul défilé entre 1982 et 1989, celui de 1988]. Nous avions alors travaillé très fort pour concevoir un énorme mouton de Troie duquel sortaient, durant le défilé, des Québécois de toutes les origines et de tous les âges. Le thème était 30 ans de puissance tranquille et j’ai décidé d’y aller d’une métaphore burlesque avec ce mouton géant. Je voulais tellement être certain de moi que j’avais fait analyser les 12 tableaux par le psychanalyste Guy Corneau », se souvient Richard Blackburn.
Dans les mêmes années, M. Blackburn avait aussi coorganisé le défilé du 350e anniversaire de la Ville de Montréal en 1992.
Se célébrer tout ensemble
Pour ce qui est du défilé de la fête nationale 2024, l’événement sera une véritable fresque vivante et festive, une ode à la tradition, à la modernité et, surtout, à la joie de vivre de chaque Québécois. « Il n’y aura pas de char allégorique dans ce défilé, c’est véritablement une fresque générée par l’énergie humaine. Notre idée est que les Québécois doivent SE célébrer et célébrer avec fierté. Chaque Québécois est notre fêté avec ce défilé », de dire Richard Blackburn.
C’est ainsi que toutes les six minutes durant le défilé, l’air de Gens du pays, c’est votre tour, de Gilles Vigneault, résonnera et les figurants du défilé bifurqueront de leur chemin pour se rendre dans la foule afin de souhaiter directement bonne fête aux gens. Une idée qui créera, selon M. Blackburn, un « carambolage festif », un aspect interactif très près des gens.
C’est également le Théâtre de la Dame de Cœur qui ouvrira le défilé avec un parapluie gigantesque orné de fleurs de lys qui se déploieront tels des bouquets de fleurs géants. « Dans toute cette expérience, c’est tellement agréable de renouer avec plusieurs personnes avec qui j’ai eu la chance de travailler auparavant. Nous avions une vision très simple, mais très interactive de cette célébration et surtout, pour moi, c’est un événement à prendre très au sérieux. Le monde ne va pas si bien sur la planète, c’est souvent très décourageant de savoir que des régimes dictatoriaux mènent plusieurs pays par exemple, donc je crois que nous nous devons de célébrer notre privilège, celui d’habiter au Québec. Ça m’interpellait énormément et c’est pour quoi j’ai accepté ce projet. »
Défilé poétique en tournée
Et comme Richard Blackburn et son théâtre s’y connaissent en défilés, nous ne serons pas surpris d’apprendre que la performance Acupunk, qui a connu un succès critique ce printemps aux États-Unis, est aussi sur la route et poursuivra sa tournée de petites municipalités en septembre dans six autres villes et villages. Rappelons qu’Acupunk est une métaphore abstraite sur la guérison de la Terre grâce à l’acupuncture qui dure environ 30 minutes et qui met en vedette deux marionnettes de 18 pieds qui se déplacent. Ce projet de tournée a été rendu possible grâce à l’appui du Conseil des arts et des lettres du Québec.
Pour ceux qui désirent se rendre directement sur le site du Théâtre de la Dame de Cœur à Upton, les représentations du spectacle Victor et le cadeau des songes débuteront le 3 juillet
