10 janvier 2024 - 07:00
Une centaine de pertes d’emploi
La fin abrupte d’une longue aventure pour Roski
Par: Adaée Beaulieu

Après plus de 60 ans passés à être une des entreprises-phares de Roxton Falls depuis sa création par Joseph- Armand Bombardier, Roski Composites fermera ses portes en mars prochain. La centaine d’employés de cette usine, spécialisée dans la fabrication de pièces en composite destinées aux marchés de l’industrie nautique, ont appris la nouvelle le 8 janvier.

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La décision découle de la fin d’une entente d’approvisionnement avec l’entreprise Kawasaki qui prendra fin le 31 mars et qui ne sera pas renouvelée. Roski fabrique des composantes de motomarines en fibre de verre pour Kawasaki depuis plus de 20 ans. « Le manque de main-d’œuvre, l’inflation et les taux d’intérêt élevés impactent négativement le marché manufacturier et Kawasaki a pris la décision d’intégrer la fabrication de ses coques et carrosseries de motomarines dans ses propres usines d’assemblage », a expliqué le président de Roski, Yves Carbonneau, par voie de communiqué.

Il est à la tête de l’entreprise depuis le 23 août 2013 alors que la division composite de Camoplast avait été reprise par quatre membres de la direction et incorporée comme entité à part entière sous le nom Roski Composites.

« Nous sommes véritablement reconnaissants de l’engagement exceptionnel et continu affiché par toute l’équipe de Roxton Falls et nous sommes convaincus que le contrat avec Kawasaki sera complété avec le souci d’excellence qui caractérise notre usine. Nous ferons tout notre possible pour accompagner les salariés concernés par cette décision et leur fournirons tous les outils de transition nécessaires », a conclu le président.

Assurer le maintien des employés dans la région

Le maire de Roxton Falls et préfet de la MRC d’Acton, Jean-Marie Laplante, a été catastrophé d’apprendre la nouvelle et considère les pertes d’emplois comme énormes pour sa municipalité. Selon lui, il est essentiel de trouver rapidement une solution pour que les employés soient soutenus au moment de la fermeture.

L’objectif premier du maire est de réussir à parler à l’employeur pour savoir combien d’employés sont de la région immédiate. Il compte ensuite utiliser ses contacts pour leur assurer une transition en douceur. Pour l’instant, il ne sait aucunement ce que l’employeur a prévu de faire pour eux. Actuellement, ils sont représentés par l’Association des employés de Camoplast Roski, un syndicat indépendant, et disposent d’une convention collective en vigueur jusqu’en mars 2025.

L’annonce de cette fermeture lui donne tout de même l’impression de revivre une mauvaise histoire pour la deuxième fois. Il y a dix ans, l’entreprise avait également mis la clé dans la porte pendant environ un an, car elle avait alors appris qu’elle perdrait ses contrats relatifs aux motomarines de BRP. Environ 300 employés avaient alors été licenciés. C’est à ce moment que des membres de la direction avaient racheté la division composite Camoplast.

Selon le directeur du développement et conseiller économique et stratégique du Développement économique et local (DEL) de la MRC d’Acton, René Pedneault, l’entreprise avait alors pu bénéficier du fonds de diversification du ministère de l’Économie pour relancer de ses activités.

Dans le cas actuel, le maire de Roxton Falls aimerait bien savoir ce qu’il adviendra de l’usine de 134 000 pieds carrés, si elle sera vendue ou louée.

Une compagnie florissante pendant des décennies

C’est l’inventeur de la motoneige qui a eu l’idée de créer cette filiale en 1963 pour produire à Roxton Falls les composantes en fibres de verre de ses motoneiges construites à Valcourt. Son nom est une fusion des mots Roxton et Ski-Doo. Puis, à la fin des années 1960, elle hérite de la production et de l’assemblage de la première génération de motomarines Sea-Doo ainsi que de la production de tous les voiliers de Bombardier.

Grâce au développement de nouvelles technologies entre 1970 et 1985, l’entreprise se distingue ensuite rapidement au Canada et même en Amérique du Nord. Ses avancées lui permettent de percer dans le domaine du transport. Dans les années 1970, elle est donc en mesure de participer à des projets d’envergure à Montréal. Elle habille notamment l’intérieur des wagons du métro et conçoit des pièces pour le Stade olympique, le bassin olympique, le complexe sportif Claude-Robillard et l’aréna Maurice-Richard en vue des Jeux olympiques d’été de Montréal de 1976.

Après cette apogée, l’entreprise change de mains en 1982. Normand Carpentier et Michel Lasalle acquièrent alors quatre divisions de Bombardier, dont Roski, et fondent Camoplast. La production de coques et de carrosseries de motomarines revient alors à l’honneur et passe par le développement d’une technologie robotique qui fait de Roski un fournisseur de choix pour ces pièces. Les années 1990 sont au cœur du développement robotique qui perdure au-delà de cette décennie. Celui-ci permet d’atteindre déjà une production importante de 130 000 pièces de motomarine en 1996. Celle-ci fait ensuite un bond exponentiel, passant à un million en 2007.

Après que l’entreprise est devenue la propriété de membres de la direction en 2013, l’usine est agrandie en 2015. L’objectif est que des pièces plus imposantes puissent y être produites, notamment des piscines creusées, des composantes d’éoliennes, du mobilier urbain, des réservoirs, des bateaux et des pièces pour les véhicules récréatifs, les autobus et les wagons de train. Ce changement majeur mène à la commercialisation de l’Outsider, le premier bateau à voile de type dériveur conçu en fibre de verre de Roski. Cette diversification des affaires a eu un succès mitigé.

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