Près d’un mois après l’annonce de la fin des activités du festival dans le quotidien La Presse, la déception habite toujours le cofondateur de l’événement, Mathieu Pontbriand.
« C’est triste, car on a toujours essayé d’offrir des éditions enivrantes, mais on n’y arrivait plus financièrement. On était une petite équipe qui organisait ça par passion en dehors de nos boulots réguliers. On a investi beaucoup d’argent de nos poches en dix ans et il était malheureusement temps de mettre un terme à ce projet pour pouvoir respirer un peu », s’est confié M. Pontbriand à LA PENSÉE.
Les sept dernières éditions n’auront pas été sous le signe de l’abondance au niveau des subventions gouvernementales, le rapporte le cofondateur. En raison de sa situation géographique et de sa vocation d’art émergent, les programmes d’aides financières offerts par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et le ministère du Tourisme ont été plus complexes à obtenir qu’anticipé.
« La SODEC nous a appuyés l’an dernier grâce à son programme de relance culturelle post-pandémie, mais ça n’a pas été suffisant. C’était la première fois qu’on recevait une subvention de leur part, car les critères d’admissibilité sont très pointilleux. Comme on était un festival en région, on nous proposait de faire des demandes auprès du ministère du Tourisme. Encore une fois, c’est complexe, car les gestionnaires nous demandaient une étude d’achalandage, qui coûte assez cher à produire, avant de faire une demande en bonne et due forme. On ne veut blâmer personne dans cette histoire, mais je crois qu’il doit y avoir une prise de conscience sur les rouages financiers si l’on veut promouvoir la culture au Québec », renchérit-il.
Sur le plan local, le festival a pu compter sur l’appui financier de la MRC d’Acton au fil des dernières années. Bien que modestes, ces appuis auront permis de promouvoir l’événement à l’échelle régionale tout en facilitant les ententes de partenariats avec les différents commerçants du coin. « Outre les sommes versées, on les a aidés dans la recherche de partenariat avec des entreprises agroalimentaires afin de vendre des produits sur le site. On se désole de la fin des activités de ce festival, car ça nous offrait une certaine visibilité pour attirer de nouveaux résidents dans la région », souligne Jean-Marie Laplante, préfet de la MRC d’Acton.
« Manger ses bas »
Tout comme les autres événements culturels au Québec, le festival La Grosse Lanterne a misé gros sur la reprise des activités post-pandémiques. Rappelons que le comité organisateur avait fièrement affiché ses couleurs au printemps dernier en lançant sa programmation. Les Bran Van 3000, Alex Burger et Le Couleur de ce monde auront su attirer les foules, mais pas autant que souhaité, rapporte M. Pontbriand.
« Le festival s’est très bien déroulé, mais on s’attendait à avoir plus d’achalandage sur le site de Médiévalys. Ça nous a tout simplement épuisé financièrement et je ne pense pas qu’on soit les seuls à avoir vécu ça. Je crois qu’il faut se pencher sur les nouvelles habitudes des festivaliers, à savoir si les gens préfèrent assister à moins de festivals que faire la tournée des événements estivaux », souligne le gestionnaire.
Accueillant de nombreux événements et festivals sur son terrain de 100 acres, les gestionnaires du site Médiévalys craignent aussi une baisse d’achalandage dans leur calendrier. « Ça nous attriste, car ça faisait quelques années qu’on collaborait avec l’équipe de La Grosse Lanterne et ça allait bien. En plus d’organiser des événements à l’image du site comme le camp de vacances et des fêtes médiévales, on offre la possibilité à des festivals de s’installer sur notre terrain le temps d’une fin de semaine. Plusieurs défis se dressent devant les promoteurs, car les subventions sont difficiles à obtenir et ils doivent se conformer à toutes les demandes de la Municipalité. Malgré tout, on fait notre possible pour mettre en lumière Béthanie sur la scène régionale », a laissé savoir l’équipe de direction de Médiévalys à LA PENSÉE.
Chose certaine, le festival La Grosse Lanterne ne reviendra pas de sitôt à Béthanie. « S’il y a un autre projet, je peux assurer que ce sera sous une autre bannière. On veut prendre le temps de se refaire financièrement. On est fiers du travail accompli, mais on n’est pas prêts à redémarrer la machine », conclut Mathieu Pontbriand.