Il y a un peu plus d’un an, la Fabrique avait annoncé une fermeture dans un horizon de trois ans en raison de difficultés financières. Cela a mené à la mobilisation citoyenne l’été dernier. Depuis ce temps, le groupe de citoyens se rencontre à raison d’une heure par semaine pour bâtir un projet viable. Il est supporté par le Pôle de l’entrepreneuriat collectif de l’est de la Montérégie et par le volet d’économie sociale du CISSS de la Montérégie-Est. L’organisme sans but lucratif, qui sera dévoilé le 20 novembre, a été créé dans le but d’obtenir certaines subventions le moment venu. La Fabrique ne pouvait pas devenir cet organisme en raison de son affiliation religieuse. La citation de l’immeuble patrimonial pourrait aussi être réalisée pour obtenir de l’aide financière du Conseil du patrimoine religieux du Québec.
Pour le moment, l’idée serait de transformer l’église en espace multifonctionnel. Différentes formes d’événements et d’activités, comme des spectacles et des expositions, pourraient y prendre place afin de favoriser les rencontres sociales.
Comme l’explique Evelyne Girardot, qui est impliquée à la Fabrique et au sein du comité de citoyens, la Fabrique désire devenir locataire et poursuivre les activités liturgiques. « Ce serait gagnant-gagnant. Il y a moins de gens qui vont à la messe le dimanche, mais il y en a encore. Ce sont des gens qui ont toujours habité à Roxton et on ne veut pas arrêter ça », affirme la porte-parole de Projet Espace Roxton, Karine Lavallée. Elle ajoute que le but est de préserver l’histoire et de répondre aux besoins de la population.
Maintenant que l’identité est créée avec un nom d’organisme et un logo, il est temps de penser à comment mettre sur pied le projet, mentionne Mme Lavallée. La rencontre du 20 novembre permettra à la population de découvrir où en sont rendues les démarches. D’ailleurs, une ligne du temps sera présentée à cette occasion et les citoyens seront invités à devenir membres de l’organisme s’ils le souhaitent.
Selon la porte-parole, l’apport de la population est essentielle en matière d’idées, mais aussi de financement, notamment avec la récolte de dons et l’organisation d’activités de financement. Ces fonds permettront de payer les frais non couverts par les subventions. De plus, les frais fixes de l’église doivent continuer d’être payés en attendant qu’elle entame sa deuxième vie. De plus, Mme Lavallée se réjouit que la Fabrique continue d’investir dans la préservation du lieu patrimonial pour le moment. D’ailleurs, le nouveau perron devrait être fonctionnel au printemps. Des dons de 80 000 $ avaient été amassés et ce budget devrait être respecté.
Pour le moment, Karine Lavallée est optimiste quant à la concrétisation du projet de conversion. « Il y a beaucoup d’églises qui ont la même problématique et il y en a beaucoup qui ont fait de très beaux projets. Plusieurs membres de l’équipe en ont visité. C’est très inspirant et on aimerait faire partie de ces modèles précurseurs », déclare-t-elle.
Éléments à considérer
Selon le maire de Roxton Falls, Jean-Marie Laplante, la mobilisation citoyenne ayant mené à la création de l’organisme était la voie que devait prendre la préservation de l’église. L’idée de l’acquisition du lieu par les municipalités de Roxton Falls et Canton de Roxton avait été soulevée. Toutefois, lors d’une séance d’information tenue le 31 mai, au Centre communautaire de Roxton Falls en présence de 113 citoyens, les deux municipalités avaient dévoilé un bilan de santé de l’église réalisé en octobre 2020 par la firme d’architectes Nadeau Blondeau Lortie. Celui-ci indiquait qu’il en coûterait 3,3 M $ sur 10 ans pour maintenir le bâtiment en bon état.
Il s’agissait d’une somme trop faramineuse pour les muncipalités compte tenu de l’impact sur les taxes des citoyens. Selon le maire Laplante, maintenant, l’important est que le projet réussisse à s’autofinancer à travers les années pour éviter que la Municipalité se retrouve à payer des sommes importantes. Pour le moment, elle n’a pas encore été approchée pour investir un certain montant.
Le directeur du service de Développement économique et local de la MRC d’Acton, René Pedneault, qui a rencontré les citoyens impliqués l’été dernier, indique que trois enjeux sont à considérer dans un tel projet. Il s’agit des coûts autant pour la conversion que la mise à niveau, et ce, même si des subventions peuvent provenir du ministère de la Culture, la prise en charge par la population, qu’il considère avancée à Roxton Falls, ainsi que l’aspect culturel, soit la valeur patrimoniale, qui permet d’établir son potentiel. « Ce n’est pas parce qu’une Cadillac est en spécial qu’on peut se la payer. Il faut être capable de se payer le projet. Quand il y a un enjeu architectural et patrimonial, les coûts des rénovations augmentent rapidement », affirme-t-il. D’ailleurs, la MRC intervient de façon plus ou moins importante selon l’autonomie des porteurs des projets.