Toutefois, pour la directrice du Centre d’Intervention-Jeunesse des Maskoutains, Josianne Daigle, qui chapeautait la démarche, et pour Benoît Houle, le directeur La Petite Ferme de l’Auberge, un organisme de Roxton Falls ayant vu le jour il y a 22 ans et qui héberge des hommes en situation d’itinérance, ces personnes dans le besoin sont bien là même si on ne les voit pas à un moment précis.
« C’est comme une photographie. C’est comme si on va dans un party et qu’à 21 h on prend une photo, mais ce qui se passe à 21 h et 23 h peut être complètement différent », explique Mme Daigle qui déplore que la démarche ne soit pas si représentative de la réalité. Elle rappelle d’ailleurs qu’en 2018 les intervenants du milieu communautaire s’étaient opposés à la démarche en ne participant pas au dénombrement.
L’autre élément important est que le dénombrement permet simplement de faire un portrait de l’itinérance visible. Toutefois, pour M. Houle, ce n’est que la pointe de l’iceberg, car il reçoit deux à trois demandes d’hébergement par semaine, alors que seulement neuf places sont disponibles. Tout juste avant son entrevue avec LE COURRIER, il venait de recevoir un appel d’un homme qui résidait dans un motel, faute de logement. Parmi les autres cas fréquents auxquels il fait face se trouvent les hommes ayant fait des surdoses et se retrouvant sans logis à leur sortie de l’hôpital. Il est aussi souvent confronté à des dépressions non diagnostiquées, à des problèmes de santé mentale comme la schizophrénie que certains individus refusent de contrôler par la médication ou encore la bipolarité qui se détecte sur une période plus longue.
Emploi
Le travail est un aspect complexe pour ces personnes. Soit, elles ne sont pas aptes à travailler et le 1200 $ qu’ils reçoivent environ par mois ne leur suffit pas pour payer un loyer et s’équiper, soit ils ont de la difficulté à réintégrer le marché du travail. « S’ils trouvent un emploi, il n’est pas valorisant et souvent on leur en demande beaucoup », affirme Benoît Houle qui remarque qu’après plusieurs années sans travailler, ces hommes ne sont pas performants.
Il remarque également que l’itinérance donne un sentiment de liberté qui peut être néfaste notamment comme l’habitude de vivre de nuit. « On veut leur proposer une structure, mais ils n’en veulent pas. Ils ne veulent pas qu’on leur dise quoi faire », affirme-t-il.
Tranquillement, les hommes hébergés à La Petite Ferme de l’Auberge apprennent à se réorganiser en s’occupant de la brebis et des 100 poules pondeuses, du ménage, des repas, des jardins, des arbres fruitiers, de la vigne, de la pelouse ainsi que de la confection de confitures pour l’autofinancement. Un deux heures de tâches leur est demandé chaque jour en plus d’une rencontre quotidienne.