Dans les cartons depuis quelques mois, une éventuelle alliance entre la Caisse de Saint-Théodore-d’Acton et de la Vallée d’Acton avait été élaborée par les deux conseils d’administration. L’objectif du regroupement proposé était la création d’une nouvelle caisse, la Caisse Desjardins de la Vallée d’Acton, qui aurait compté plus de 22 345 membres desservis par six centres de services répartis sur tout le territoire de la MRC d’Acton avec un chiffre d’affaires évalué à plus de deux milliards de dollars.
En plus de consolider la présence de Desjardins à Saint-Théodore-d’Acton, cette entente aurait permis une meilleure offre de services à tous les membres. Mentionnons que les deux établissements travaillent déjà de pair, depuis quelque temps, dans un système de cogestion afin d’assurer un meilleur partage des compétences des employés.
Comme pour Saint-Théodore-d’Acton, la Caisse Desjardins de la Vallée d’Acton a procédé à une assemblée générale extraordinaire virtuelle le 14 septembre menant à une période de votation en ligne de quatre jours. Les membres ayant répondu à l’appel ont voté à 79,52 % en faveur du projet. Ce nombre n’aura pas été suffisant pour atteindre l’objectif souhaité vu le résultat du vote à Saint-Théodore-d’Acton. Un résultat dont se désole René Chagnon, président du conseil d’administration de la Caisse Desjardins de la Vallée d’Acton.
« Il y a une déception de toute part. C’est un beau projet et les dirigeants des deux caisses ont travaillé fort sur le dossier. De notre côté, on trouvait favorable d’avoir une belle Caisse qui offrirait tous les services à tous les membres », explique-t-il.
Pour la survie de la Caisse
Déçu de la tournure des événements, le président du conseil d’administration de la Caisse populaire de Saint-Théodore-d’Acton, André Gauthier, ne jette pas l’éponge pour autant. Questionné par LA PENSÉE, ce dernier affirme que des pourparlers entre les membres du conseil d’administration et la Fédération auront lieu prochainement afin de revoir les options possibles.
« La situation de la Caisse est vraiment délicate. Le problème n’est pas au niveau financier, car elle est très rentable autant que celle de la Vallée d’Acton. Il faut d’ailleurs rappeler que, sur une population de 1540 habitants, 2300 personnes sont membres de la Caisse, ce qui est considérable pour un village. Notre plus gros enjeu est la pénurie de main-d’œuvre puisqu’on ne peut offrir tous nos services à nos membres. S’il n’y a pas d’éventuel regroupement, on devra probablement mettre la clé dans la porte », affirme M. Gauthier.
Membre de la Caisse populaire depuis plusieurs années, le maire de Saint-Théodore-d’Acton, Guy Bond, se dit en faveur d’un regroupement compte tenu des circonstances.
« Lorsqu’un village perd sa Caisse, c’est comme si on lui enlevait une partie de son identité. C’est important d’offrir ces services à la communauté. La Caisse de Saint- Théodore-d’Acton a toujours été considérée comme le village gaulois des institutions financières en raison de ses services personnalisés depuis bon nombre d’années. Les gens ont probablement voté contre le projet par peur de perdre leur identité, mais il y a présentement une impasse et on doit y remédier », souligne le maire.
À la suite de l’annonce des résultats du vote, André Gauthier explique en partie cette défaite par un manque de communication auprès des membres. « J’ai l’impression que lors de notre assemblée générale extraordinaire, on n’a peut-être pas assez exposé notre vision des choses. D’autant plus que la séance s’est déroulée de manière virtuelle et que les gens n’ont pas posé beaucoup de questions. On a fait part du problème aux gens que l’on croisait, mais le message ne s’est pas rendu assez loin », mentionne-t-il.
Selon les informations fournies par M. Gauthier, seulement 140 personnes sur les 2300 membres de la Caisse de Saint-Théodore-d’Acton auraient exercé leur droit de vote, tandis que la Caisse de la Vallée d’Acton aurait recueilli 195 votes sur les quelque 19 550 membres.
Le constat est le même du côté de la Caisse de la Vallée d’Acton qui voit d’un œil favorable le regroupement entre les deux caisses. « On fait notre mea culpa face à la situation. Les directions ont travaillé fort dans ce dossier, mais les membres ont été informés d’une volonté d’un regroupement des caisses un peu à la dernière minute. On pensait que l’information entre les membres allait circuler cet été, mais ça n’a pas été le cas. Il faut dire que depuis la pandémie, les gens ont moins fréquenté les caisses en présentiel ce qui fait qu’ils sont moins à l’affût des dernières nouvelles », soutient René Chagnon. Devant la tournure des événements, il faut s’attendre à ce qu’une nouvelle tentative de regroupement soit présentée avant longtemps.