M. Ménard souhaite ainsi répondre aux nombreux commentaires lus et entendus sur les médias traditionnels et sociaux, questionnant le geste des producteurs de lait. Le pourcentage de lait jeté est établi à environ 5 % de la production totale pour les premières semaines d’avril.
« Bien des gens se demandent pourquoi on doit jeter tant de lait. La baisse drastique du marché et les problèmes de distribution ne sont pas de notre ressort », résume-t-il.
Le producteur de lait fait valoir que les vaches sont des animaux très réguliers et que ça prend quelques semaines pour ajuster la production. Il faut notamment changer leur alimentation, ce qui peut provoquer une perte de poids et des difficultés de régie de troupeaux.
« Au début mars, quand la crise du coronavirus a commencé, plusieurs consommateurs ont fait des achats massifs afin de s’assurer d’avoir au moins deux semaines de provisions à la maison, ce qui a causé le manque de certains produits en épicerie. Puis, à la dernière semaine du mois, la demande pour les produits laitiers a chuté dramatiquement, notamment avec la fermeture de nombreux restaurants, hôtels et cafétérias d’institutions combinée avec une baisse de l’achalandage dans ces points de vente. Ce segment du marché représente environ 35 % de nos ventes. Ces volumes ont d’abord été commandés par les usines, puis annulés, ce qui a occasionné des surplus », explique M. Ménard.
Ce dernier fait valoir qu’au début avril, les Producteurs de lait du Québec ont demandé à leurs membres de diminuer leur production pour s’ajuster à la nouvelle réalité du marché qualifié d’instable. Il ajoute que la filière laitière du Québec, planifiée sur une base régulière, peut habituellement bien gérer les surplus de lait en le transformant par exemple en beurre ou en fromage.
« Nous travaillons continuellement afin de redistribuer ce lait dans d’autres usines. Avant de le jeter, nous les offrons à l’alimentation animale ou à la transformation pour des dons aux banques alimentaires. De plus, certains volumes peuvent aussi être stockés sous forme de beurre ou de fromage. Tous les volumes disponibles ont d’abord été offerts aux Banques alimentaires du Québec. En avril, 4,3 millions de litres de lait ont été offerts sous forme de fromage, lait, beurre et autres produits. Toutefois, les comptoirs alimentaires ont une capacité maximale de réception et de stockage pour les produits laitiers qui doivent être réfrigérés. Mais là aussi, il nous faut trouver des transformateurs qui acceptent de le transformer gratuitement », indique M. Ménard.
Il est donc vraiment déçu de lire et d’entendre, de la part de citoyens, que le lait jeté est tout de même payé aux producteurs.
« Lorsque l’on dispose de volumes de lait, comme actuellement, c’est l’ensemble des producteurs qui essuie les pertes. La situation s’est heureusement rétablie cette semaine avec l’ajustement de la production. Tout le lait sera transformé. Lorsque l’on dispose de volumes de lait comme actuellement, c’est l’ensemble des producteurs qui essuie les pertes. Je suis par ailleurs très fier de dire que les producteurs laitiers offrent un service essentiel et répondent très bien aux défis de nourrir le Québec », conclut-il.
Éric Beauregard, président du Syndicat de l’UPA de la Rivière Noire, mentionne que les producteurs pourraient bientôt subir une légère diminution de leur paie.
« Mais ce n’est rien de grave pour le moment. La situation est sous contrôle et nos producteurs s’en sortent bien dans les circonstances, en continuant de produire du lait de qualité. Par contre, on doit également surveiller les effets de la pandémie sur la vente de porc et de poulet », allègue-t-il.